jeudi 30 octobre 2014

J'ai lu un article sur un des mes blogs préférés (il y en a 3 que je lis très régulièrement et celui-là est sans doute mon blog préféré-préféré entre tous, bref) qui, étant écrit à la troisième personne, mettait en scène la situation suivante : un type, mettons F et appelons le François (enfin "appelons-le"... il s'appelle déjà comme ça dans l'article), est laissé en plan par son rancart, une fille par ailleurs plutôt moche, appelons-la FM, et François pense : je tape déjà dans le bas du tableau mais même en faisant ça je n'arrive pas à conclure. 
Laissons de côté l'article entant que tel pour nous concentrer sur les faits, qui sont somme toute très communs, et doivent se produire chaque jour dans la vie de dieu seul sait combien de personnes. 
On va donc prendre cette histoire comme un cas abstrait sorti de nulle part et moi, évidemment dans ce schéma là, je m'identifie sans mal à FM. Cela m'inspire principalement deux remarques. 
La première c'est qu'il faudrait peut-être songer mettre à mal, un de ces jours, l'idée selon laquelle les filles moches n'ont pas le droit de "faire des scrupules", parce que c'est déjà tellement une immense faveur qu'on leur fait de daigner les regarder que se refuser équivaudrait à un péché d'orgueil, limite si on ne pourrait pas rétorquer à celles qui s'obstinent malgré tout "non mais pour qui tu te prends, au juste, sale truie, à faire des manières comme ça, hein ?". Sous entendu t'es tellement moche que ça t'enlève le droit d'avoir le choix. 
Deuxième remarque, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas imaginer trente secondes les choses sous un autre angle : dans l'article François pense, peut-être à juste titre du reste, que FM le laisse en plan comme persuadée que "ce gars n'est pas assez bien pour moi, je vaux mieux, je veux mieux" fameux pêché d'orgueil évoqué tout à l'heure, par opposition à F qui aurait sur elle un jugement parfaitement objectif; or, admettons qu'en fait FM soit on ne peut plus lucide sur ses qualités physiques mais aussi sur ce qui est entrain de se passer. À savoir F qui la méprise, qui pense en la voyant "décidément je vise quand même très bas mais c'est mon seul moyen d'attraper quelque chose", limite si le type est pas assis en face d'elle les yeux fermés et le nez bouché, mais elle, elle devrait passer outre cette humiliation, le glauque manifeste de la situation et dire "ok, j'accepte d'être une sous-merde, allons-y". Si on voit les choses comme ça je trouve qu'indépendamment même de ce qu'est françois, son attitude justifie qu'elle le laisse en plan. 
Néanmoins je perçois aussi bien la logique du raisonnement de F et même comment le justifier par pragmatisme, mais je suis toujours aussi étonnée de voir à quel point la laideur physique peut aujourd'hui (et peut-être de tout temps d'ailleurs, mais sans doute encore plus aujourd'hui) nous ôter dans l'esprit de ceux qui nous font face tout droit d'une part à l'auto-détermination, d'autre part à la lucidité, sur soi comme sur les autres. 





À part ça c'est une des mes chansons favorites de Daho et je suis présentement abattue, d'abord par un rhume plus pugnace qu'Ebola puis par l'accablement dû au fait d'être restée à Paris pendant les vacances alors je mourrais d'envie de rentrer. J'en suis réduite à écouter Charles Rocchi, fébrile, alors que je devrais travailler ou au moins lire des livres pour la fac. On en est là.