mardi 20 novembre 2012

J'envie E. d'être au village ; les vacances de la Toussaint sont toujours les meilleures.
Il y a la brume parfois tellement opaque que, de chez moi, il est impossible de voir la maison de Laura pourtant si proche de la mienne, les enfants qui jouent comme nous l'avons fait en notre temps, de la place de l'église à St Christophe ou dans leur cabane qui jadis fût la nôtre mais qu'ils pensent avoir découvert (exactement comme nous l'avions crû) et toutes ces autres choses qui ne cesseront jamais de se reproduire, parce que le village est un lieu où tout revient, sans cesse, où rien ne change.
En ce moment il neige, on m'envoie des photos, on me dit regarde comme c'est beau et ça l'est, même si quelqu'un qui n'y a pas vécu, n'y a donc aucun souvenir, ne voit certainement sur ces images que du blanc, du blanc, et toujours plus de blanc, en somme pas grand chose.

mercredi 14 novembre 2012

Candide

L'autre jour j'étais assise avec Leila dans un café en bas de chez elle, on était près de la baie vitrée et un vieux passait et repassait devant, quand je vous dis un vieux c'est un vieux, ça aurait carrément pu être mon grand père.  À un moment j'ai tourné la tête et j'ai accroché son regard sans faire exprès; alors il s'est arrêté tout net, il me montrait du doigt. Moi je ne savais pas bien comment réagir, j'ai fait comme s'il n'existait pas en espérant que ça passe, Leila disait "non mais ça va pas" avec des grands gestes outrés pour qu'il comprenne puis il est entré dans le bar, j'étais littéralement tétanisée, vraiment, il s'est approché de nous et il a dit, enfin il m'a dit, parce qu'il ne s'adressait pas à Leila mais bien à moi, "excusez moi mais j'aimerais savoir si vous accepteriez de m'accompagner au club échangiste un peu plus bas ?". On m'aurait vomi dessus que je ne me serais pas sentie moins sale, j'avais envie de pleurer, je ne disais toujours rien et Leila a appelé la gérante et elle lui a dit ce qui se passait très fort comme pour lui mettre la honte, le type est parti juste un peu rapidement mais sans gêne, la femme a dit "que voulez-vous que j'y fasse ?", j'avais encore plus envie de pleurer; une amie de la gérante qui était là a lancé quelque chose comme "c'est la vie", Leila a répondu que j'étais un peu jeune quand même pour les clubs échangistes, non ? La conne, parce que oui c'était une conne, de renchérir "oh vous savez il n'y a pas d'âge pour ça" et là je me suis jurée d'élever mes enfants en Corse.
J'étais tellement choquée le soir que je n'ai pas pu m'empêcher d'en parler à mon père, l'air qu'il avait de dire "on t'avait prévenue, paris..." m'a irritée, enfin quoi, paris, paris rien du tout, d'où la ville peut excuser les gens mauvais ? et la lâcheté et l'indifférence ? je dois être naïve, conne mais vraiment ce genre de logique m'échappe. Enfin bon on était d'accord lui et moi pour dire qu'à Bastia, ça, c'était un coup à se faire tuer. J'ai eu envie de rentrer, désespérément.

lundi 12 novembre 2012

Thomas m'a dit "je crois que je vais devenir écrivain, mais je n'arrive pas à écrire de roman, parce que pour moi, un roman ça s'écrit en une nuit, comme ça, avec un paquet de cigarette ; c'est l'histoire d'un moment qui fait que ça se passe, et puis c'est écrit, c'est fait" outre que moi j'aime bien l'image de l'écrivain méticuleux, orfèvre, qui passe des heures sur une phrase et capable de mourir pour une virgule mal placée (c'est pour ça que je tiens un blog ou j'écris des articles en 20 minutes sans me relire vous voyez) je me suis dit qu'à ce prix là, si être écrivain c'était l'histoire d'une nuit et de quelques malboros alors tout le monde serait écrivain et le simple fait qu'on puisse l'imaginer, même pas le croire, juste l'imaginer, c'était déjà regrettable.
Et puis il a continué en disant "je ne peux pas faire autrement, j'aime écrire, j'écris tout le temps, même quand je suis dans le métro paf y a un truc qui me vient immédiatement je prends mon portable et je l'écris". En l'entendant j'ai pensé qu'un jour peut-être on ne publierait plus ni les mémoires ni les journaux mais bien les "Mémos" des écrivains, ceux qu'on aurait récupérés sur les Iphones ou blackberry et j'ai trouvé ça drôle et triste ; plus triste que drôle d'ailleurs, mais enfin je n'ai rien dit, je n'étais pas d'humeur à débattre.



En ce moment je lis un livre inconcevablement mauvais (pas Vie et Opinions de Tristram Shandy, un autre, qui s'est imposé à moi par la force des choses) ; deux choses font qu'il est illisible : d'une part, l'auteur qui a l'arrogance de l'échec, l'aigreur de ceux à qui, manifestement, le talent et la grâce, font défaut et d'autre part une traduction pitoyable qui laisse des lourdeurs là où il n'y a pas lieux d'être et transforme ce qu'on devine être un certain style dans la langue initiale en tournure malhabile. Je ne vous dit pas le titre, ni l'auteur, ni même le nom du traducteur parce que j'aimais vous n'aurez la lubie de l'acheter, je le sais, mais j'ai besoin d'en parler, ça me hante.
Je me dis, qu'est-ce qui fait qu'actuellement un autre livre qui reprend exactement les mêmes thèmes que celui-ci puisse être salué unanimement, sacré de tous, jugés incontournable et entre les mains soit d'une nullité pas croyable.

jeudi 1 novembre 2012

J'ai testé pour vous : se prendre une cuite au Gewurtz dans le bar derrière chez moi, assise en face de mon cousin presque Germain, enfin au 3eme degré quoi (oui, je sais, improbable, paris est petit) qui ne m'a pas reconnue et Thomas qui me dit "il arrête pas de te regarder" "là il glisse un mot à l'oreille de son copain et il te regarde" etc. sans discontinuer et moi qui meurs à petit feu parce que bordel c'est mon COUSIN et que j'ose même pas aller lui dire qui je suis, ce qui mettrait pourtant fin à toute ambiguïté.
Sur l'échelle de richter des situations malaises, on est au 6 mais on aurait facilement pu basculer dans du 9. 
Une fois ivre, juste avant de partir (à la fermeture donc), je suis allée lui dire qui j'étais. Temps d'arrêt. "Ah oui bien sûr, oui".  Puis on a discuté de saoul à saoule, il m'a expliqué qu'il travaillait pas loin,  demandé si je venais souvent ici, enjoint à revenir, on pourrait se boire des verres... mais malgré tout je crois qu'il n'a pas vraiment compris à qui il parlait. 
Le prochain épisode dans une semaine, puisque je sens que notre louable entreprise du mercredi cinéclub se transformera petit à petit en mercredi "BB".  


PS : J'écrirai un vrai article plus tard, mais je ne pouvais pas résister à l'improbabilité de cette anecdote.

mercredi 24 octobre 2012

come la neve non fa rumore

Sarah un jour m'a dit "c'est fou, plus on reste avec les gens, plus on se rend compte à quel point ils sont laids, on voit leurs défauts de plus en plus gros, jusqu'à ne plus voir qu'eux, et on s'y fait, mais on ne voit quand même qu'eux".
J'avais souri, gentiment, sans rien dire, ne sachant trop quoi répondre, un peu effrayée à l'idée que ses yeux se posent de nouveau sur moi. Qu'est-ce qu'elle voyait, au juste, en me regardant ? Je préférais ne pas le savoir.
Mourad, lui, rigolait comme on le fait parfois devant une franchise aussi abrupte... en partie parce qu'on ne sait pas quoi faire d'autre, tant elle nous déroute, c'est un comportement assez rare pour qu'on n'y soit plus vraiment habitué et il nous prend immanquablement au dépourvu. Mais ça n'était pas son cas, il riait parce qu'il trouvait ça drôle.
On s'est tous trois assis dans cette petite pente derrière le jardin. Il n'y avait personne, pas de bruit. C'était le début de l'été, le soir, juste après mangé. Il faisait bon ; pas chaud ni froid ni humide, bon. "Regarde Mourad, son nez bizarre, crochu, son menton trop en avant, sa silhouette tordue et invraisemblable, son coté un peu bossu..." Et Mourad continuait de rire.
Il n'en avait rien à foutre, littéralement ça ne l'atteignait pas, on aurait aussi bien pu parler d'un autre ; moi, je priais pour qu'elle ne se mette pas à énumérer tous mes travers comme ça, même si ça n'est certes pas parce qu'on les tait que les autres ne les voient pas. Ça ne change donc absolument rien et Mourad avait raison de rire, mais moi je ne voulais rien entendre, je voulais continuer à faire l'autruche comme toujours.
Qu'on se le dise, être moche est une chose mais blasée de l'être en plus, c'est trop pour moi. Du reste, ça n'arrange rien. Je ne suis même pas sûre qu'on puisse considérer ça comme un problème étant donné l'absence totale de solution.
Je déteste les gens qui disent que tout le monde peut s'arranger, c'est faux. Il y a des personnes à qui rien ne va. Vous pouvez les tourner dans tous les sens, essayer n'importe quoi, ils resteront laids. On dirait que c'est en eux, que c'est leur essence même.
Malgré tous les efforts qu'ils font, il y a toujours un truc qui foire et ça gâche tout le reste, c'est inéluctable. J'aurais plutôt eu tendance à nous ranger dans cette catégorie là, Mourad et moi.
En un sens il m'était supérieur car lui ne faisait pas semblant d'y être indifférent, ça n'était en aucun cas une posture. Moi, je ne voulais juste pas y penser de peur d'en deviner les conséquences, trop graves, trop lourdes, ce qui risquaient d'altérer ma bonne humeur naturelle.
Je me demandais d'ailleurs si on pouvait continuer à rire en ayant pleinement et constamment conscience de sa laideur ; non, probablement pas. J'imaginais alors mon visage crispé pour toujours, figé dans l'horreur de se savoir hideuse, c'était terrifiant. J'étais vraiment ébranlée par cette pensée mais je ne bougeais pas, je ne parlais pas, c'était imperceptible à l'oeil nu et j'en tirais une vérité générale comme quoi plus les chocs sont forts moins on les perçoit.
Finalement j'en voulais à Sarah d'avoir aborder ce sujet. Après tout nous aurions pu parler des strokes ou de séries : des sujets légers, futiles, en un mot sympas et qui n'engagent à rien. Je l'excusais en imaginant que, n'étant pas autant concernée que nous, elle ne s'était peut-être pas vraiment rendue compte du genre de réflexions que pouvaient engendrer ses propos. Cette idée fût corroborée quelques instants plus tard par le naturel avec lequel elle passa à autre chose, comme si on ne s'était rien dit d'important.
Tout à l'heure dans le métro j'ai repensé à ce moment, j'ai essayé de l'imaginer comme étant la meilleure scène d'un film. Je me demandais quels plans j'aurais pu faire pour montrer le physique disgracieux de Mourad, la panique sourde dans mon regard et l'ingénuité de Sarah puis le contraste entre la violence de ses propos, le détachement de Mourad et l'agréable quiétude du décor. C'était tellement rassurant de rejouer la partie en ayant pris le contrôle sur tout, sachant d'avance que Sarah n'allait rien dire sur moi, que c'était bientôt terminé et que ça se finirait sans heurt. J'avais l'impression d'être la monteuse de ma propre vie et c'était bien.


jeudi 18 octobre 2012

X Factor (honnis soit qui mal y pense)

Quand on parle des mecs avec David, et c'est un de nos sujets favoris, on se place instinctivement du côté des jurés comme si eux ne nous jugeaient jamais, ne se faisaient pas d'idée en nous voyant ; c'est une position confortable, rassurante. On passerait volontiers tout notre temps à détailler le moindre de leurs gestes, pointer ces choses à la limite de l'imperceptible qui varient d'un jour l'autre et en fonction desquelles on donne des malus ou des bonus, comme aux voitures plus ou moins polluantes.
Mais ce qu'on aime avant tout c'est essayer de déceler chez eux le XFactor, ce qui fait que lui, oui, lui, là, qui n'a pourtant l'air de rien, pourrait se révéler être parfait pour nous ; c'est au fond de son être mais le pauvre ne le sait pas encore. Toute notre attention est alors mobilisée sur cette personne qui n'a rien demandé, on veut voir comment elle évolue et au fond notre intérêt est un peu superficiel puisqu'on imagine mal aller lui parler, l'influencer ou le découvrir tel qu'il est au-delà de ce qu'il a l'air d'être.
Et là est le problème.
Un jour que je montrais Perfecto à David, d'une façon certes pas discrète mais enfin passons, il m'a dit "j'espère qu'il ne pense pas que tu veux coucher avec lui". Ça m'a surprise parce que je ne l'avais jamais envisagé comme ça. Pas question ici d'une espèce de pudibonderie mal placée, ni d'être coincée du cul, ni rien du tout mais enfin ça tapait totalement à côté pour le coup.Et c'est là que je me suis rappelée d'une discussion que j'avais eue à propos de Godard et de Lynch et de leur utilisation de la télévision ; J-A m'avait dit : la supériorité de Lynch sur Godard vient du fait qu'il arrive à nous intéresser à l'évolution purement esthétique de la série, on a envie de voir pour voir. Bin voilà, moi j'ai souvent envie de voir pour voir. J'envisage rarement les gens comme des êtres qu'il faudrait prendre la peine de connaître, c'est leur devenir esthétique qui m'intéresse.

mercredi 17 octobre 2012

Möglichkeit


"V. m'a beaucoup déçu. Progressivement je l'ai vu s'affaisser dans mon estime, jusqu'au choc final, à la chute. La première fois que je l'ai senti décroître, c'est lorsque je l'ai vu, lui toujours si solitaire et presque fantasmatique, lui, passant comme une ombre, remarqué de personne, comme si j'étais le seul à m'apercevoir de sa présence, lorsque je l'ai vu parler à un garçon. 
Tiens, me suis-je dit, pas si seul que cela, au fond... Bien qu'il fût explicable qu'il parlât avec quelqu'un, qu'il eût besoin d'un renseignement ou envie se de détendre. Puis la deuxième fois, avec un autre garçon et là je crus entendre qu'il parlait politique. Cela m'a réellement déçu et même choqué. Un fantôme qui parle aux gens, et surtout qui parle politique... "
Journal, Jean-René Huguenin. 

Hier David regardait "Nustrale" (Nustrale, c'est un mec de ma licence qui a une tête de corse et qui l'est peut-être, enfin on sait pas, on hésite) par le hublot d'une porte. On n'était pas posté devant  juste pour voir Nustrale, je vous rassure, on est pas encore des stalker fous, en fait j'avais cours dans cette salle après et le hasard a fait qu'on était un peu en avance, voilà.
Bref, il l'observait entrain d'aller parler au prof. Nustrale ne l'avait pas vu.
Puis subitement David s'est retourné vers moi, scandalisé, "Paola, il a été sociable ! Il a dit un truc rigolo ! Il a discuté et fait rire des gens !" en même temps qu'il parlait je sentais la déception monter en moi, de plus en plus ; je jugeais cette réaction totalement irrationnelle et en même temps tout à fait familière. Je me suis demandée où était le drâme, je l'ai même dit à David : enfin tu nous as vu ? on passe notre temps à être rigolo, on est que ça, rigolo, il a le droit d'être rigolo lui aussi ! Mais bien sûr c'était différent.
De le voir là, parler à quelqu'un d'autre, ça altérait cette relation tacite entre nous, faite d'observations réciproques, de regards furtifs. Ça n'était plus lui et nous, c'était lui, les autres, et nous derrière la vitre : c'était triste et révoltant.
On s'est retourné dos à la porte au hublot, le temps d'essuyer ce revers, pensant du reste que comme tous les élèves il sortirait par l'autre porte, située au fond de la salle, ce qui n'était pas très logique c'est vrai, celle d'où on l'observait étant beaucoup plus proche de lui... mais comme personnellement j'aurais préféré marcher un peu plus qu'ouvrir cette porte pour mes seuls besoins j'ai appliqué mon raisonnement à sa personne... et ça n'a pas marché.
En entendant le bruit de la porte derrière nous s'ouvrir on s'est retourné en même temps, pas juste avec un mouvement de tête, non, on a vraiment pivoté et on s'est retrouvé face à Nustrale.
On a souri, je crois, enfin moi j'ai souri mais sûrement David aussi, et puis on s'est remis comme on était, comme ça, sans rien dire. Il est passé devant nous, et, arrivé au niveau de l'escalier il nous a jeté un regard bizarre, très rapide.
On n'a toujours pas tranché sur ce geste, sa portée hostile ou amicale, son sens, qui pouvait être "mais arrêtez de me regarder, bordel !" comme un petit signe sympa, juste pour nous montrer que lui aussi il pouvait nous regarder. Enfin bon on est resté là, un peu noix, et on a parlé d'autre chose. 
Et puis aujourd'hui je suis allée à mon cours optionnel d'introduction au concept de possibilité, c'était la première fois.
Il est donné par monsieur S. et j'aimerais avant tout dire deux mots sur monsieur S.
Monsieur S., qui est aussi mon prof de TD en philo moderne, me fascine littéralement. Il parle en marchant, il ne s'arrête jamais, des fois je me demande s'il nous parle ou s'il se parle. On pourrait croire que je dis ça de façon péjorative, comme si je disais "mais enfin c'est à nous qu'il doit faire le cours ce con !", c'est d'ailleurs un peu ce que je pensais de ma prof de philo en hypokhâgne, sauf que là ça n'est pas du tout comme ça que je ressens les choses.
Je le vois parler, être transcendé parce qu'il dit : on dirait que sa pensée se forme au moment même où il parle, ce qui est d'ailleurs sûrement faux, alors je vais essayer d'être plus précise encore : on dirait que chacun de ses mots est susceptible de la remettre en question, et qu'il l'énonce et la questionne en même temps.
Moi je suis assise, je le suis dans ses vas et vient perpétuel et j'ai l'impression que c'est un privilège d'être là, de pouvoir le regarder réfléchir à haute voix. Donc voilà, tout ça pour dire que Monsieur S. et son amour obsessionnel pour Heidegger participe grandement à mon plaisir d'aller à la fac.
Mais revenons en au cours optionnel.
J'étais installée déjà quand  Nustrale est passé dans le couloir. J'étais soulagée qu'il ne soit manifestement pas dans ce cours parce qu'après l'épisode de la veille je m'étais dit qu'il valait mieux l'ignorer, un temps du moins.
Évidement, une minute plus tard je le vois revenir sur ses pas et entrer dans ma salle, il s'assoit dans ma rangée mais loin de moi alors qu'il y avait une place juste à coté, ce qui me vexe un peu d'autant plus qu'elle est finalement prise par un type d'une intelligence remarquable mais d'une laideur qui ne l'était pas moins.
Enfin bref le cours se passe et je résiste tant bien que mal à l'irrépressible envie de tourner ma tête vers Nustrale. Puis monsieur S. se met à parler du terme "möglichkeit" et il dit quelque chose comme "vous comprenez das möglich c'est cette douce inclination, ce "bien-aimer", cette espèce de tendresse mais qui n'est pas seulement de vous vers la chose en question mais qui est aussi de la chose en question vers vous, oui, c'est réciproque." et moi qui fond littéralement, mais c'est ça, c'est ça ! qui jette un regard affolé vers Nustrale, toute heureuse de pouvoir enfin le définir, et monsieur S. de continuer "là, même si vous n'en avez rien à faire de ce que je vous dis, il faut sentir les choses, même si vous ne m'écoutez pas, que vous êtes perdus dans vos pensées, il y a le son de ma voix qui les intone et repensez y vous trouverez des applications très concrètes" et j'avais envie d'hurler mais oui ! je les trouve monsieur ! je ne trouve même que ça !
Finalement je me suis calmée et j'ai réfléchis un peu plus posément, si ça se trouve ce que disait monsieur S. ne faisait écho à ce que je pensais seulement parce que j'en avais envie et c'était mon envie qui informait ses paroles et pas l'inverse.
Puis encore après je me suis dit que réfléchir à tout ça n'avait aucune putain d'utilité et je me suis réjouie du lancement du "monte doru cinéclub" autrement dit du fait qu'on se réunisse dès aujourd'hui tous les mercredi chez moi pour voir un film, ce qui suffisait amplement à me rendre heureuse. Möglichkeit ou non.

vendredi 12 octobre 2012

Che sensazione di leggera follia sta colorando l'anima mia.

Lundi soir en rentrant de la fac il y avait deux filles en licence philo-socio à coté de moi dans le métro. J'entendais leur discussion : elles ne parlaient que des cours, elles émettaient des jugements sur les profs, elles disaient que l'an dernier elles travaillaient sans vraiment en ressentir le besoin, juste pour se donner bonne conscience, mais qu'aujourd'hui c'était devenu vraiment dur, alors elles se sentaient obligées de prendre de l'avance et ça leur prenait beaucoup de temps, pour ne pas dire tout leur temps, mais ça leur plaisait tellement etc...
Bon j'avoue avoir décroché à un moment parce que j'étais quand même très occupée par la présence de Pastore. Pastore c'est ce type dans ma licence qui est étranger et qui s'habille un peu comme pour partir chasser le sanglier dans le Niolu, inutile de préciser qu'esthétiquement parlant c'est très agréable pour mes yeux qui n'en peuvent plus de saigner devant ce manque absolu de virilité, ces mecs mi figue mi raisin toujours plus nombreux. Donc bref je me reposais la vue avec Pastore (u pastore = le berger en corse, rappel linguistique) tout en pensant que la vie de ces deux filles avait l'air vraiment chiante et qu'en comparaison je m'amuse, je vais, je viens, je lis par amour, je rentre chez moi, je vais au concert de King Krule, je dors, je travaille un peu aussi mais comme rien ne me force objectivement à le faire j'ai l'impression que c'est par plaisir et donc ça n'entrave pas mon bonheur. Ensuite j'ai repris la discussion au moment où elles ont commencé à envisager l'ENS, j'ai souri. D'un coup elles représentaient tout ce que je ne serai jamais et je ne pouvais pas m'empêcher de les détester un peu, de loin, comme je déteste ces gens que je ne connais pas ni ne connaîtrai jamais mais qui sont le symbole parfait des voies qu'inconsciemment ou non j'ai toujours fuis.
Décidément Pastore était bien plus attrayant, je me suis reportée sur lui, j'ai écouté Lucio Battisti.

Précisions :
non en fait, on ne peut pas dire que je les ai détestées, même de loin, parce que pour ça il faudrait vraiment que je me sois sentie concernée par leur existence et ça n'a pas été le cas. Disons plutôt que j'ai esquissé un mouvement de recul, comme on pourrait le faire devant quelque chose qui ne nous semble absolument pas fait pour nous, qui ne nous ressemble pas au point de nous dérouter.


dimanche 7 octobre 2012

"Quand Gilles se retrouva seul ce soir là, il rêva longuement. Il rêva en frissonnant, à propos de Cyrille Galant, à ce qu'était l'amitié : très jeune, il avait cru cette passion plus forte que celle de l'amour. Il s'était écrié parfois : "l'amitié est plus sûre que l'amour." Pourquoi avait-il prétendu cela ? A cause de ses émotions et de ses actions de la guerre. Il avait satisfait dans les tranchées plusieurs fois, et presque continuellement à de certaines périodes, un besoin poignant qu'il devait bien appeler la passion de l'amitié. Ce n'était point seulement l'instinct de conservation pressé par les circonstances jusqu'à devenir un réflexe de réciprocité, pas seulement l'instinct de la tribu ; non, il avait risqué sa vie avec plus de ferveur pour celui-ci que pour celui-là. 
Qu'était-il advenu de ces amitiés ? La mort était passée, mais aussi la paix. Deux ou trois hommes avec qui il avait cru tout mettre en commun, n'avaient plus de lien apparent avec lui qu'une lettre de loin en loin ou une rencontre embarrassée. Le sentiment qui les avait unis se voyait impuissant devant la médiocrité des conditions que la paix telle qu'elle était comprise en France leur faisait, et ce sentiment se repliait, pudique. Ne restait-il donc rien de ces amitiés ? Il leur restait le rayonnement qui était passé dans l'éternel."
Gilles, Pierre Drieu la Rochelle. 

(suite de l'extrait sur mon tumblr (oui parce que maintenant que j'ai du temps libre et de nouveau envie de garder une trace des livres que je lis, films que je vois, musiques que j'écoute, bref de tenir une sorte de journal de bord culturel, j'ai repris un tumblr) plus précisément ici, je te conseille d'y aller plus que de lire ce blog parce qu'autant ce que je dis n'est jamais super intéressant autant je sais mes goûts quasi infaillibles, et je progresse même encore beaucoup, mon instinct, ma sensibilité s'affine. Toute modestie mise à part.) 

Finalement, on a toujours tendance à mésestimer le copinage au profit de l'amitié, qui n'existe pas, ou en tout cas pas comme on aimerait ni même comme on le croit. J'aime l'amitié aussi mal que mon village ou l'été, autrement dit je l'aime pour l'idée que je m'en fais mais jamais vraiment pour ce qu'elle est. L'été, c'est le temps libre, les crépuscules à St Christophe, les soirs où l'on rigole sur la "route du bas", les voyages, le Minnesota ; jamais l'ennuie, la chaleur épouvantable, cette violence inhérente à la saison en elle-même. Pourtant, objectivement, il y a plus de ça qu'autre chose. J'adore l'été une fois qu'il est décanté de tout ce qui n'allait pas comme j'adore mon village une fois oublié les habitants que je déteste, la torpeur qui y rend les gens si mauvais et vils, le sentiment d'y être tout en n'y étant si peu intégrée parce qu'inapte à préférer le bar plutôt que ma solitude, ce genre de choses.
L'amitié dans l'idée c'est un peu ça, on met des années à construire quelque chose qui y ressemble, on se persuade que ça durera toute la vie précisément parce qu'on s'est éreinté à accepter l'autre sous toutes ses facettes, on se dit qu'à partir de maintenant plus jamais il ne pourra nous décevoir et pourtant si, un jour, ça arrive. On en est malade un temps, on est désoeuvré devant la vitesse à laquelle les choses vont puis on s'y fait et on oublie, partiellement du moins, car il ne reste que les beaux moments. On est alors très heureux mais on ne nous y reprendra pas deux fois et il sera beaucoup plus dur de s'attacher au prochain, si prochain il y a.
La seule et unique fois où je me suis disputée avec Laura j'étais tellement petite que j'aurais du mal à dire quel âge j'avais. Peut-être cinq ans mais sûrement un peu moins. Bref, nous nous étions donc disputées pour X raison, elle était partie de chez moi, en colère, sa soeur Marie l'avait suivie. Une demie heure plus tard je voyais Marie revenir en courant, en pleurant, pour m'annoncer que Laura était bloquée au Pughjale, en crise parce qu'une chenille lui était montée dessus. Ni une ni deux, moi aussi en larme, je suis partie à sa rescousse. Cette histoire est pour moi la définition même de l'amitié.
D'ailleurs j'ai tendance à mesurer mon amitié en fonction de ma capacité à pleurer à cause ou pour la personne en question. C'est comme ça que je peux dire avec certitude que la dernière véritable amie que je me suis faite n'est autre que Ramatou.
Le copinage c'est beaucoup plus simple. Vous n'attendez rien de l'autre, l'autre n'attend rien de vous, si un jour une chenille vous menace le copain/la copine ne viendra certes pas vous secourir mais enfin vous étiez prévenu, c'était dans le contrat dès le départ. On se rapproche soudainement parce qu'on se découvre un point commun, plus ou moins ténu et éphémère ; ça ne durera pas de toutes façons alors on prend ce qu'il y a a prendre, voilà tout.
Il y a des jours où je m'en veux d'accepter, voire d'approuver des choses aussi peu exigeantes que le copinage (mais où est passée ta putain d'intransigeance ? qu'est-ce que tu fous là, c'est d'une bassesse effroyable), d'autres où je m'en félicite (bravo Paola, décidément, tu sais vivre en fonction des principes de réalité les plus élémentaires, félicitations !) pour toujours finir par y trouver mon compte, sans perdre de vue que ça n'est pas ce que je peux (idéalement) me souhaiter de mieux.

dimanche 23 septembre 2012




"Cette impression de plus en plus poignante, bientôt obsédante, d'être complètement coupé de ma génération. Je ne suis pas de mon temps, je voudrais être de demain, mais je crois que je suis de toujours."

Jean-René Huguenin, Journal.

(Ok mon message qui se supprime tout seul, merci bien blogspot sauf que le 22 septembre c'était hier et on perd beaucoup en symbolique hein du coup).

jeudi 20 septembre 2012

J'ai l'impression d'être Toifilou Maoulida dans une classe de Zlatan Ibrahimovic, ou si tu préfères, une micheline qui essaie rattraper des TGV,

samedi 8 septembre 2012

5. Every sensible child will know what this means

Finalement les gens cultivés ne m'intéressent pas tellement plus que les autres. Ça se joue ailleurs. Je me rends compte de ça maintenant parce que dans ma classe tout le monde lit, aime lire, regarder des films, connaître des dialogues et des passages de bouquin entier par coeur et ça me laisse totalement indifférente. J'ai envie de parler d'autre chose, de Nadège qui gagne Secret Story ou du SCB, mais pas d'entendre des gens qui ont un peu trop bu déclarer à l'unisson du Baudelaire ou du Hugo. C'est ni beau ni rien du tout, comme souvent tout ce qui se fait en groupe, à deux c'est déjà autre chose. Mais là, je n'avais pas envie de participer à ce genre de cuistrerie un peu trop alcoolisée et bruyante. Ça sonne comme une fausse communion littéraire, un truc un peu forcé, pas vraiment naturel - sûrement parce qu'à titre personnel, quand je suis saoule, je titube et je dis n'importe quoi.
À part ce genre de réticences un peu superficielles et qui s'estomperont j'imagine dans le courant de l'année, l'hypokhâgne ça va. 

vendredi 31 août 2012

4. Qui vomi a dîné.


Depuis le jour où ma mère m'a mise à la porte les choses se sont arrangées entre nous. Hier, elle me proposait de mettre un buste de Napoléon dans le salon, parce que ça y est, elle aussi elle a découvert qu'elle était Bonapartiste . 
Cette étrange lubie mise à part et même si j'habite aujourd'hui Paris, je continue d'écouter France Culture comme si j'étais encore chez elle. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, France Q est de loin le plus gros concurrent de rire et chanson sur le terrain de l'humour.
Ce matin par exemple, un mec qu'on nous présentait comme le n°1 dans le game des libraires nous expliquait sur un ton ô combien solennel que oui, actuellement, il vendait le dernier pamphlet de Millet mais qu'à l'époque, il avait refusé de vendre le Régal de Nabe - c'était un libraire citoyen vous comprenez - fallait pas déconner, cette diatriiiiiibe antisémite dégueulasse jamais de la vie ! Par contre, si un type normal d'apparence lui demandait Mein Kampf, pas de soucis, c'était ok, il lui fournissait. Donc sur une échelle d'antisémitisme, Le Régal était plus haut que Mein Kampf. Pardon mais j'ai ri comme une folle. Presque jusqu'à m'étouffer parce que j'ai attrapé une bronchite à Reading (concert de Florence & The Machine sous la pluie en short oblige). Rappelons quand même, que, pendant ce temps là, pendant qu'on parle encore du Régale comme d'un hoorriiiiiiiiiible pamphlet raciste, Gallimard réédite Lucette et écrit sur la 4ème de couverture que Nabe est un écrivain "béni".
Du reste, je m'en fous de Nabe. Mais ça reste le type qui m'a fait lire Bloy, Barbey, Les Deux Étendards et écouter Monk. Donc, il a plus fait pour moi que tout france culture, télérama, nouvel obs etc réuni. Puis en plus, lui cracher dessus en 84, je comprends, c'était dans l'air du temps, en 2012... Bref. 
Ensuite j'ai attendu toute la journée pour entendre un passage du Sermon Sur La Chute de Rome lu par son auteur, que j'avais déjà entendu dans une autre émission (traduction : j'ai perdu mon temps), et un mec en charge de le défendre à la place de J. F. qui dit "je trouve que c'est un livre qu'on aime pas dès les premières pages, c'est un peu sur-écrit" et qui conclut par "je suis enthousiaste là" : je l'avais dit, ils sont drôles chez france culture, très second degré, c'est des petits plaisantins, ils aiment la macagna
Et après, encore mieux, c'est une fille qui dit "ah non mais moi il parait que je suis même lyrique : j'aime la littérature crépusculaire..." grosse envolée, merci au revoir, avec ça on a tout dit.
Conclusion : si un jour j'écris un livre, je n'écouterais pas ce qu'en dit france culture, ni le nouvel obs (...ni même les blogs d'adolescentes débiles surnotées au bac philo).

mercredi 25 juillet 2012

Extraits.

Toujours ce moment un peu délicat. Je relis mon journal et je pense "toi alors... rien ne t'arrête" parce que j'écris des choses que je nie, à vous, aux autres et même à moi. Je l'écris presque sans le vouloir, ingénuement.

"Nous n'avions pas de parapluie. Les hommes assis au bar du terminus - ceux alignés contre le mur - nous observaient. Ils le font tous les Mercredi... aujourd'hui avec un peu plus de curiosité peut-être. Je percevais leurs sourires ironiques, leurs regards amusés mais je ne nous les croyais pas destinés jusqu'à ce que, sur le court chemin séparant l'intersection de mon portail, je ne réalise le temps qu'il faisait. Nous étions restés là, presque aussi longtemps que d'habitude, à discuter comme si de rien n'était, sous la pluie. C'était absurde, drôle et touchant."


"Les mots sont surement les principaux instruments de la traîtrise ; un coup de couteau dans le dos, sec et sans appel. Je me suis soudainement rendue compte, alors que nous marchions sur la route du haut, qu'il lui manquait cet élan de romantisme que je considère comme vital chez tout un chacun. Elle disait "non mais ça n'est pas POSSIBLE, on nous l'a dit en cours" intérieurement j'espérais - d'une manière qui se rapproche plus de la prière que du souhait - que ça arrive, pour avoir raison, pour que ma vision de l'avenir triomphe de ce rationalisme planplan. J'ai cessé d'argumenter, le débat ces temps ci me fait horreur, et je me suis demandée, non sans remords, à quoi tenait l'amitié - notre amitié."

Bien sûr aucune révélation renversante, juste deux passages que j'aime bien.

lundi 23 juillet 2012

Ma mère est au téléphone, je l'entends mentir à mon propos. Depuis deux jours déjà que je la traite de tout dans mon journal. Mais force est d'avouer que ça n'est pas une mauvaise mère : pour ça, il faut d'abord être une mère, le vouloir, l'assumer, renoncer à des choses qui vont à l'encontre de ce statut et ça, elle ne le fait pas, ne l'a jamais fait et n'a probablement pas l'intention de le faire. J'hésite à avancer mon départ pour Paris. Elle me rend malade.

vendredi 6 juillet 2012


  • Tous les ans avant le bac, les télés font un sujet sur LE type qui a eu 20 en philo. Moi quand je vois ces sujets je pense "mais ta gueule petit con prétentieux de mes deux, ça veut rien dire d'avoir 20 en philo, ferme là, physiquement."

Sauf que cette année, c'est moi qui ai eu 20. Et je suis contente parce que mon prof sera content, enfin j'espère.
Sinon, j'ai aussi eu 17 en histoire alors que ma copie sur le Nouvel Ordre Mondial était sponsorisée par Alain Soral. Tout est possible à l'éducation nationale.

vendredi 8 juin 2012

lift not the painted veil...

Voilà, j'ai répondu "oui définitif" à C. Pourquoi n'ai-je pas attendu la réponse de JdS ? Tout simplement parce qu'en plein pendant mon oral n°2 de cinéma, quelques heures après que les résultats soient tombés, je me suis dit que ce système apb ressemblait drôlement au rituel du chapeau harry potterien et que la "maison" qui vous choisit est forcément celle qui vous convient le mieux. Mon raisonnement doit sembler un peu léger quand même, mais je suis sûre de mon choix.

Maintenant je suis toute excitée à l'idée de trouver mon appartement, de partir vivre à Paris, de vivre tout court quoi.
Du coup, soyons clairs, le bac je m'en tamponne comme de l'an 3000 ! Mais je vais réviser un peu, pour faire plaisir à ma grand-mère. Je veux dire, si j'ai une bonne mention elle pourra se la péter devant ses copines quand elle les invite à boire le thé et si elle est fière de moi, ça me rendra heureuse aussi. Plus que la mention en elle même, que je ne considère absolument pas comme représentative de mes capacités. 
Je me suis rendue compte que les notes ne voulaient vraiment rien dire le jour où j'ai été sanctionnée pour mes propos au brevet blanc de français. Genre pour MES PROPOS quoi...Alors qu'en fait mon sujet d'invention c'était du génie : je parlais d'une fille qui préférait lire Barthes que parler à ses congénaires, qu'elle comparait à des "sous-primates". J'ai eu 8 à cause de ça.
Cette dernière année au collège reste une des plus paradoxales de ma vie n'empêche, d'un coté j'étais bien intégrée, vraiment, de l'autre j'étais paumée, déprimée mais en pleine ascenssion intelletcuelle : je découvrais Houellebecq (et à 14 ans c'est du sérieux), je continuais toujours plus à lire des auteurs allemands comme Hesse et Mann (le Loup des Steppes en 5ème, révolution cérébrale), Goethe également, il y avait aussi les Fragments de Barthes, donc, (non parce que la fille de mon devoir restait pas dans son coin pour lire les systèmes de la mode bien sûr) les Tels Quels de Valéry, sans parler de mon amour démentiel pour la poésie anglo-saxonne (découverte deux ans plus tôt) qui se confirmait, Shakespeare, Shelley, Keats, Byron, Thomas (!) ; mais j'étais aussi renvoyée de presque tous mes cours de français parce que le grammairien frustré qui me servait de prof me détestait, c'était réciproque et je préférais fantasmer le casse du siècle avec mon voisin, ou parler avec les pions ; je faisais du latin et du grec, j'étais dans une excellente classe et dans les meilleurs, malgré mes deux premiers mois passés à l'hopital et donc sans cours.  Pardon pour cette digression mais rah quelle année c'était !
Bref, tout ça pour dire que, je ne crois pas vraiment aux notes ni aux mentions ni rien.

Sinon, j'ai une question, sur apb, quand il y a marqué "démissioné parce que voeux n°X accepté" ça ne veut pas dire qu'on était théoriquement pris dans cette filière n'est-ce pas ? non parce que je suis sûre d'avoir compris ça et on insiste en me disant le contraire et ça m'énerve.

mardi 5 juin 2012

El Conto II.

En fait j'ai beaucoup pleuré pour rien parce qu'hier et ce matin je suis restée deux heures dehors, devant le lycée, à parler avec Mr. Philo.
C'est drôle mais j'ai l'impression qu'on a nos thèmes fétiches sur lesquels on peut revenir en boucle, encore et toujours, sans jamais s'en lasser. La Nouvelle Vague, Houellebecq, Dostoïevski, la modernité, le catholicisme, la seconde guerre mondiale, la musique, le parti socialiste.
Un à moment il y avait L. avec nous et je me suis rendue compte à quel point, et lui et moi, on se souvenait de toutes ses formules, ses exemples : "là où les américains sont forts c'est quand ils vous montrent un commissariat au cinéma, on a vraiment l'impression que ça en est un, alors que chez les français ça ressemble toujours à un hangar avec trois flics à l'intérieur",  "si un jour Godard n'a pas dit une bêtise c'est bien ça : pour guérir le cancer, il faut que les chercheurs lisent John Le Carré, parce que lui il sait comment marche une cellule" etc etc etc, à l'infini.
Et puis à la fin il m'a dit qu'on se révérait certainement dans la semaine et que de toutes manières, l'an prochain, pendant les vacances j'avais qu'à passer le voir. Du coup me voilà rassérénée.


En fait mon prof de philo ressemble un peu à Bashung jeune, même si je suis définitivement la seule à le penser.

jeudi 31 mai 2012

El Conto.

J'étais heureuse, je n'allais plus qu'en cours de philo, et j'y allais en écoutant "le temps de l'amour". Les cours étaient comme toujours extraordinairement bons, j'ai le meilleur prof du monde. 
Et aujourd'hui, voilà, de une à trois c'était le dernier. Ça avait duré huit heures par semaine toute l'année et maintenant c'était fini. Plus de "hmm sur ce point", plus de main sur le menton, plus de "oui, hmm, rajoutez", plus de références incongrues "... et comme dirait Mortorhead, la chasse est toujours meilleure que la prise", "ça c'est ce que dit Pete Doherty dans cette chanson des Libertines...", d'injonctions tout aussi improbable "il FAUT écouter CAN", plus de déclarations à rebours des bons sentiments et donc totalement inédites dans l'éducation nationale, plus de discussions le mercredi midi en descendant du lycée. 
Non, il va falloir s'habituer à d'autres profs alors même que rien ne pourra jamais remplacer celui ci.  
Pour être honnête et même si c'est totalement ridicule et disproportionné j'ai dû ravaler mes sanglots pendant toute la première heure, et à chaque fois que je commençais à me calmer il se passait quelque chose qui me redonnait encore plus envie de pleurer. D'ailleurs, j'ai fini par lâcher et j'ai pleuré discretos pendant au moins une demie heure non stop, c'était infernal. 
Surtout que si ça se trouve, moi, je lui manquerais pas du tout, il m'aura oublier demain alors que moi je serai encore là à parler de lui comme "El Conto" aka LE type qui m'a fait aimer la philosophie, apprendre 10000000000000 choses, et passer les meilleures heures de cours de toute ma vie.


mercredi 16 mai 2012

Les Filles du Drame

Je les aimante, sans rire. Celles dont chaque épiphénomène semble déterminer la vie entière ; plus aucun sens des priorités n'existe : un texto malhabile pousse à boire du dissolvant, une virgule de travers et c'est leur point dans la figure avant même qu'on ait eu le temps de dire ouf. D'un problème l'autre, ça n'arrête jamais. 
C'est sans parler des crises de larme, d'hystérie, de paranoïa, de joie (quoique nettement moins récurrentes pour le coup, mais tout aussi démesurées) qui rythment leurs quotidiens et, dès qu'elles sont dans les parages, le mien.
À Bastia je m'en tire bien parce que mes fréquentations sont réduites au minimum - c'est un euphémisme. J'ai fait le ménage... ou plus exactement il s'est fait tout seul. Mais dès qu'on me jette dans un environnement inconnu, d'instinct, ça n'est jamais les personnes saines et équilibrées qui viennent à moi. Bon... on ne va pas se mentir, ces gens là n'existent probablement pas : on a tous nos névroses, mais quand même, y a des paliers ! Moi, ma spécialité, c'est le degrés zéro de l'harmonie ; la constance, connait pas. De ce coté là, pas de soucis, ça me fonce dessus comme abeille sur miel. 
Au début j'ai toujours tendance à m'en plaindre. En fin de compte, c'est mieux comme ça. 
Je peux me tromper mais j'ai l'impression que plus les autres sont instables moins je le suis. Quand je dois réguler quelqu'un je suis plus calme et, probablement, plus intelligente. Mon cerveau fonctionne mieux. À contrario, avec mon père qui est la quiétude personnifiée je pète les plombs sans arrêt. J'ai les fils qui se touchent pour de bon. 
Y en a qui s'adaptent aux gens qu'ils côtoient en s'accordant à leurs caractères : excité avec les agités etc. Je fais pareil à l'envers. 

En fait, si je raconte tout ça c'est parce que je pense à l'an prochain. Enfin à Septembre je veux dire. 
Je ne suis pas particulièrement angoissée, sauf peut-être à l'idée de devoir faire les courses et le ménage, mais tout ce nouveau me donne le vertige. Alors j'essaie de théoriser mes expériences passées : comment j'ai fait la dernière fois que je suis arrivée dans un endroit inconnu de part en part, comment je me suis adaptée, comment j'ai réussi, c'était qui qui venait vers moi et qui ne m'aimait pas ? Dit comme ça on pourrait croire que j'ai carrément peur, c'est beaucoup plus subtil que ça.  
Et pendant que je me pose toutes ces questions je ne pense pas au bac. 
J'en deviendrais presque attendrissante à espérer une mention très bien tout en continuant mes révisions à la venvole (cadencées soit dit en passant par Patrick Coutin - "J'aime regarder les filles" plus précisément, la version qui dure 5min, GÉNIE.)   

lundi 20 février 2012

"Tout en idéal et en muscles."

D'un, sache que je name code le type pour qui je vais écrire un texte, qui est aussi le type beau-intelligent-rebelle-aventurier mais ça tu l'avais peut-être déjà compris, Sanders. Pourquoi Sanders ? Parce que personnage dans un livre, voilà, c'était ou ça ou Achille du Bartas qui allait très bien mais qui était trop long à écrire.
Bref j'ai donc fait lire le livre de Sanders à mon padre et aujourd'hui il a passé 20 minutes à me dire tous ses défauts que je n'avais pas envie de voir. Mais comme mon père c'est un peu dieu dans ma vie, maintenant je suis obligée d'en tenir compte alors j'arrive plus à écrire alors c'est la merde. Je pense que je vais le reprendre pour ressentir une nouvelle fois l'air de révolte qui s'échappe de ses pages, qui te donne envie de te lever d'un coup et de partir te battre contre... LE MONDE ENTIER.
La nuit dernière j'ai rêvé que mon texte était trop bien écrit, trop beau, trop intelligent, trop juste et que Sanders le trouvait génial. Entre temps, dans la vraie vie, il n'a pas répondu à ma question donc j'ai décidé de m'en foutre parce qu'elle n'était pas vraiment pertinente de toutes façons.
Donc voilà je l'écris ce soir je l'envoie demain et point final fin de l'histoire. Faut pas que j'attende ni un merci, ni qu'il en fasse quoique ce soit, ni rien. C'est pas comme si j'étais son nègre, je veux pas être dépendante d'un quelconque désir de reconnaissance. D'ailleurs je suis même pas sûre d'en vouloir.

Quand tu lis ce blog, t'as de quoi remettre en question mes supposées capacités à écrire un texte intelligent mais n'est crainte, j'ai des ressources. Peut être pas autant qu'il le faudrait mais quand même.

mardi 14 février 2012

"Cette belle jeunesse où nous avons souvent pensé crever de rire ensemble."

C'est tellement bizarre de parler d'amitié, de dire, tu vois, cette personne m'a plus influencée que toutes les autres réunies ou c'est avec elle que j'ai eu ma première cuite, fumé ma première cigarette, écouté mon premier nine inch nails, vu the streets ou jeff beck. Des fois, ça me donne le vertige rien que d'y penser. J'ai l'impression qu'une mythologie se dessine entre tous ces épisodes, toutes ces personnes, tout quoi.


jeudi 9 février 2012

Et le combat cessa faute de combattants.

Est-ce que ça fait psychopathe-stalkeuse si on envoie des messages par facebook pour avoir des renseignements sur une formation à des gens qu'on ne connait ni d'ève ni d'adam juste parce qu'on a vu que ces personnes faisaient partie du groupe de la promotion 2011-2012 et que l'internet est bien pauvre en témoignage ?
J'aimerai  ne pas avoir peur d'envoyer un mail tsé comme ça dans la vie. Non mais je vais le faire mais je me demande juste si ça renvoie une image négative ou non.

Ma classe me désespère trop. J'ai envie de tout arrêter, de ne plus y aller, la conseillère d'orientation m'a dit que j'avais le profil que recherchais les prépas mais j'ai des notes de merde depuis le début du trimestre. Là j'ai eu un 13 en philo. J'ai lu la copie d'une meuf qui a eu 16 et ouais elle a ressorti le cours, exactement comme ça, j'ai trouvé ça ultra chiant à lire. Je sais pas cela dit si c'était son travail ou la philo en général. Je sais pas si le mien est mieux, plus ludique, c'est visiblement pas le cas mais ça m'a juste donné envie encore plus de tout envoyer balader.
C'est triste d'être dépendante de l'ambiance, de ce qui se passe à l'extérieur pour réussir à se mettre au travail. Je trouve ça assez faible de ma part.
Donc pour en revenir à cette fille dont j'ai lu la copie, ça me motive pas de me battre pour avoir des meilleures notes que ça, pour moi apprendre son cours par coeur c'est pas ça avancer intellectuellement. C'est même pas ça être intelligent. J'ai rien contre les gens qui le font mais je dis juste que ça ne me stimule pas personnellement pour avancer.

lundi 30 janvier 2012

la meglio gioventu.

Considération ultime sur mon avenir post bac.

Quand je m'imagine aller à la fac, je vois ça comme un échec ; certainement pas personnel puisque je suis incapable de définir la réussite, mais plus dans l'image que ça renverrait de moi à ma famille et aux autres. Les autres : ceux  qui demandent "qu'est-ce qu'elle fait ta fille ?" et qui ne te diront jamais "en gros elle glande à paris, elle est sans avenir mais tu t'arrangeras sûrement pour lui trouver un post à la préfecture quand elle rentrera du continent - elle n'a aucun mérite, c'est une merde - c'est dommage c'était pas une gamine stupide" mais qui n'en pensent pas moins. Tu deviens alors la fille sans volonté, à coté de ton cousin Julien qui sera probablement un grand ingénieur ou de tes copines qui, si elles n'entrent pas à HEC ou ENS, ont tout de même plus d'avenir que toi. Pire, tu es celle qui aurait pu si elle avait travaillé, si elle l'avait voulu, entrer partout... devenir n'importe quoi. Le problème, c'est précisément que je n'ai pas envie de devenir quelque chose. Avant moi aussi je disais journaliste, ou encore plus flou, je veux être "dans la culture" en gros, je me voyais bien payé pour dire ce que j'avais pensé de tel film, tel disque, ou, et c'est plutôt drôle quand on sait ce qui m'est arrivé ces derniers mois, être dans la distribution de films par exemple. Ça n'est plus le cas. Plus du tout.
Au contraire, je me vois bien dans quelque chose d'extrêmement pragmatique, qui n'a rien avoir avec l'intellect, qui soit presque mathématique mais ni chiant ni trop prenant. Avoir un hôtel saisonnier par exemple me semble être parfait. Travailler six mois dans un cadre charmant, voyager et vivre les six autres.
Mais pour en revenir à la fac, le problème, c'est que déjà mon postulat de base est biaisé par un fait indéniable : je ne m'imagine pas aller à la fac. M'y inscrire pourquoi pas, mais ma mère à raison, si j'arrive jusqu'à la porte ça sera au moment où tous les autres sortent, et encore, c'est dans l'hypothèse où j'arrive jusqu'à la porte. En gros, c'est ce qu'elle appelle "la fac en sens inverse" qu'elle a pratiqué elle même assidûment pendant deux ans de droit avant de se lancer dans la vie active.
Si ma mère doit son parcours à la chance, mon père doit plus le sien à son intelligence et à sa force de travail. Dans tout ce qu'il a fait, il a progressé plus vite que les autres, principalement parce qu'il avait compris l'intérêt d'être son propre patron ou en tout cas d'avoir le moins de personne possible au dessus de soi. C'est ce qu'on m'a inculquée, c'est pour ça que j'ai du mal à envisager sérieusement le salariat (à long terme je veux dire) ce qui me posera certainement des problèmes plus tard.
Enfin bref, je m'égare. Si je ne vais pas à la fac, je n'irai probablement pas comme ma mère jouer à la belote dans les bars mais plus à la cinémathèque française, n'importe où où je pourrais satisfaire mon manque de culture causé par le manque d'infrastructure ici. Je ferai certainement des petits boulots par fierté, par envie d'indépendance où je finirai tout simplement par partir (ma dernière lubie c'est la Mongolie, voilà).

Maintenant quand je me projette en prépa, c'est pas la même, je vois ça : (dans le meilleur/pire des cas) le XVI (ou un cartier chiantissime), du travail toujours plus de travail finir par ne plus parler que de ça ne plus pensez qu'à ça mourir de stresse une fois par jour et manger chez mes cousins à neuilly le dimanche. Comment te dire, ça n'est pas la vie dont je rêve. D'un autre coté oui, j'ai envie d'une formation exigeante, d'un truc qui me pousse dans mes retranchements aussi, de rencontrer des gens qui, à priori, ne sont pas dénués d'intérêt. Mais où ça mène ? J'ai pas envie d'avoir l'ENS, j'ai pas envie d'être quoique ce soit, j'ai pas envie de rester dans un circuit pré-établit toute ma vie qui me mènera tout droit au paroxysme de l'ennui bourgeois. 
Mais j'ai pas non plus envie de devenir une cloche, clocharde, sous les ponts, ou sans aller dans ces extrêmes ce genre de personne qui te font penser "elle a rater sa vie" mais on retombe sur le problème du début, je sais pas ce que c'est que RÉUSSIR sa vie. 
Bon j'ai pris rdv avec la conseillère d'orientation mercredi pour remédier à cette crise existentielle.



Ok maintenant parlons sérieusement. La Meglio Gioventu, en français ça donne Nos Meilleures Années et cette traduction fait peur. Tu t'attends à un truc style les petits mouchoirs ou l'auberge espagnole, pardon si tu aimes, mais je trouve ce genre de cinéma gerbant, mais même si ça n'est pas ton cas, continue à lire là ce que je vais te dire c'est important. Bref, non, La Meglio Gioventu n'est pas un film à la con. Il dure 6h qui passe comme 30min. C'est une fresque, immense, resplandissante, on rit, on pleure, on comprend les 40 dernières années. On les comprend vraiment. Pas comme quelqu'un qui te dirait bouuuh méchants capitalistes ou bouuuuh méchantes brigades rouges, non, ce qu'on nous livre ici c'est une analyse tout en finesse, toujours juste. 
Tu sais que de manière globale je me sens proche de l'italie, parce que chez moi on est un peu en italie, qu'on regarde la raï et qu'on écoute de la musique italienne, que je m'appelle Paola pour Paolo Conte, que ma chanson préférée quand j'étais petite c'était Alla Fiera dell'Est que j'ai écouté en boucle jusqu'à en dégouter mes parents, mais c'est pas une histoire personnelle là, c'est une histoire que tout français que tu es, tu peux parfaitement comprendre. Des tonnes de points feront certainement échos à ta vie, à celle de gens que tu as connu, à l'histoire de tes parents et de tes grands-parents. Alors regarde ce putain de film parce que tu ne le regrettera pas, jamais, jamais jamais. 
Allez après tu me dis si tu es team Nicola ou team Matteo. 

lundi 23 janvier 2012

last night at the jetty.

Des fois y a des gens qui me disent qu'ils aimeraient devenir journalistes, des gens de mon âge je veux dire. Comme c'est de plus en plus fréquent et que provoquer l'incident diplomatique à tour de bras m'intéresse de moins en moins, je vais mettre les points sur les i ici, une bonne fois pour toutes. Si par le plus grand des hasards tu fais parti des gens qui m'ont confié IRL ce désir d'avenir, tu peux le prendre pour toi personnellement ça t'évitera de te prendre la claque de ta vie dans quelques années.

Généralement, ces gens n'ont jamais mais alors jamais de leur vie ouvert un autre livre qu'harry potter ou guillaume musso ou ce qu'on te disait de lire à l'école, autrement dit curiosité 0. Et déjà ça me semble une barrière majeure pour ne pas dire insurmontable à la "vocation" de journaliste. Tu comptes parler de quoi ? De ta frange ? Tout le temps ? Comme seul et unique sujet d'analyse et de débat ?
Ensuite, je remarque que ces gens sont à peu près aussi structurés intellectuellement qu'une endive. Probablement à cause du manque de culture et d'intérêt pour les choses qui fait qu'on se construit. Enfin le fait est que quand tu lis un texte et que tu vois les tenants et les aboutissants de la chose il voit ou l'un ou l'autre mais pas les deux en même temps ou alors pas le rapport entre les deux. Deuxième handicape.

Je veux bien que de nos jours les journalistes, à la télé en tout cas, ait l'air un peu con, véhiculent des idées préconçues pour la plupart, sans prendre le temps de la réflexion ni même celui d'envisager une autre voie de penser que celle dominante, le politiquement correcte est absolument partout, c'est l'impression que j'ai et je pense qu'il ne faut pas être extra-lucide pour s'en apercevoir.
Prenons un exemple, flagrant : Marine Le Pen. Dans ma famille tout le monde se dispute sur elle pour à peu près ne rien dire, dans les médias j'ai l'impression que c'est exactement la même chose. On hausse le ton parce que oh, danger fasciste hein, attention, popuuuuuliiiiisme, raaaaciiiiisme, et tous les mots qui font tellement peur que finalement, une fois que tu les as intégrés à une personne il parait impossible d'écouter ce qu'elle te raconte. Moi rien que ça, ça m'énerve. Le coté on effraie la population comme ça. Je m'en branle de Le Pen, je suis globalement apolitique, honnêtement, à chaque fois qu'on entend parler de crise ou d'insécurité, en vivant là où je vis, avec les moyens qui sont les miens je n'ai jamais pu les expérimenter vraiment. (Combien de chance de te trouver au même endroit qu'un type de la brise de mer au moment où il doit se faire assassiner, sérieusement ?) Mais le fait est que j'essaie de réfléchir un peu trente secondes et je vois pas pourquoi elle aurait moins le droit de s'exprimer que les autres et pourquoi on ne devrait pas l'écouter. Je veux dire, si après on a un avis contraire bah ok on l'expose, on débat mais en prenant compte de ce que nous raconte celui en face et moi, quand je remarque que précisément personne ne tient compte de ce qu'elle dit et qu'on la contre toujours de manière illogique ou qu'on ne la laisse tout simplement pas parler, je me dis bon, c'est que personne n'a un argumentaire aussi solide que le sien ou bien ? Oh ne me parler de La Pix parce que vraiment je le vivrai mal, c'est l'exemple typique de ce que je dénonce, elle ne l'a pas laissé en placer une, c'est ça le journalisme, l'honnêteté intellectuelle, la neutralité ? Rigolons un bon coup quoi. Et même si La Pix disait vrai, la manière dont elle l'a fait m'a semblée gerbante, mais je m'égare.
Revenons aux journaleux en herbe. Moi je pense qu'il devrait questionner leur perception du journalisme, est-ce que présenter le télé-achat c'est être journaliste ? Est-ce que présenter la météo c'est être journaliste ? Je dis pas. Il est pas impossible que je retrouve ces gens dans quelques années entrain de présenter un jeu à la con le midi, c'est encore dans leurs cordes, mais svp ne me faites pas croire qu'ils seront à reporters sans frontière. Et surtout enlevons leur de la tête que c'est en restant bien au chaud dans leur acculturation qu'ils y parviendront. Si cependant c'est le cas, je crois que nous aurons atteint le summum de la dégénérescence, la stupidocratie la plus ultime qui soit.
Et au fond de moi, j'espère vraiment que je me trompe, que demain ces gens se réveilleront et comprendront que ça ne peut pas marcher comme ça, qu'ils ne vont nulle part si ce n'est tout droit dans le néant mais j'ai l'impression qu'on va dans le sens inverse.
Je m'explique, je ne suis pas entrain de faire une simple apologie de la culture pour la culture, de l'intelligence pour l'intelligence. Il faut de tout, j'aime bien regarder des trucs de merde de temps en temps ou arrêter de réfléchir MAIS J'AI CONSCIENCE que c'est de la merde. Je hiérarchise. Comme Rimbaud qui aimait bien les romans de gares tu vois, moi c'est le journal de meg. Bin ok mais j'admets, je reconnais, j'adore en parler et ce que tu veux mais je sais que ça restera toujours une série allemande ultra nunuche à prendre au 100000ème degrès. Bah eux, les jeunes en général, et y compris ceux qui, il me semble, se font clairement des idées sur leurs capacités intellectuelles, non.
Je vous sens venir, gros mais alors gros comme un building. C'est facile pour moi oui je viens d'un milieu particulièrement cultivé et bourgeois donc avec l'argent nécessaire pour acheter des livres voir des films etc. ok bah d'accord, l'école n'est pas égalitaire, l'école ne donne pas les mêmes chances à tout le monde, si tu viens pas d'un milieu cultivé c'est mort à la base. (Je dis même pas d'un milieu riche parce que ça ne veut absolument rien dire.) Et je suis pour une réformation du système scolaire. Mais quand je vois l'abysse de stupidité dans le regarde certains de mes congénères je me dis sérieusement, ça va plus loin que la méthode par laquelle on t'enseigne le français. Je vous jure des fois j'ai peur presque. Puis l'incapacité de se concentrer 30s, d'arrêter de parler de soi et uniquement de soi 5min ça aussi c'est le système scolaire et le milieu social ? je sais pas, c'est pas une question rhétorique, je me demande vraiment.
enfin bref, j'avorte cet article j'ai des trucs à faire.

samedi 21 janvier 2012

That summer feeling is gonna haunt you.

J'ai fini ma disserte dans la nuit. Puis le matin j'ai décidé de la jouer smart et de la lui rendre Lundi avec un "je comprendrai si vous ne l'acceptez pas mais... (regard qui dit : J'ÉCOUTE CAN, T'EN TROUVES BEAUCOUP DES ÉLÈVES AVEC QUI PARLER DE CAN ? ACCEPTE ACCEPTE ACCEPTE ACCEPTE)" puis avec en bonus mon autre disserte sur "le contexte social détermine-t-il la conscience de soi" pour qu'il comprenne bien que c'est fini le laisser allé, que je suis de nouveau en mode warrior et que je vais tout niquer. Voilà.
Je viens de tomber amoureuse de Jonathan Richman. Parce qu'il claque des doigts, entre autres.

mardi 17 janvier 2012

"Emile, je pense à quelque chose tout à coup..."

Ce matin j'ai dit à mon prof de philo "ah zut j'ai oublié ma disserte chez moi" alors qu'il ne m'avait absolument RIEN demandé. C'est le genre de truc après tu te dis WHY NO PORQUE ?? qu'est-ce qu'il m'a pris ? J'avais pas assez de challenge comme ça dans ma vie ? Fallait absolument que je me rajoute un soucis ? Des fois je m'épuise, non mais vraiment.
Vivement que cette année soit finie, vivement vivement vivement vivement vivement l'été, calvi on the rocks, patrimonio, le reading, le départ, la vie quoi. Parce que là c'est plus possible. La zilia citron à la récré est devenue ma raison de vivre, ça fait pas lourd.
Sinon j'ai revu Une Femme est Une Femme avant hier, d'où les références un peu partout sur ce blog, et mon dieu j'adore ce film. Donc voilà on va dire qu'il y a la zilia citron et Godard qui m'aide à me lever le matin.

lundi 16 janvier 2012

Méchante ambiance.

J'ai plus envie d'aller en cours, de voir ma classe, mes profs, mon putain de lycée qui passerait totalement inaperçu dans les favelas tellement il est laid.
Mon ipod a effacé mes 7000 morceaux et ne marche plus, j'ai perdu ma dispense de sport et l'administration commence à faire pression, j'ai toujours pas fait justifié mes innombrables absences ni rédigé ma disserte de philo que je rendrai jamais du coup puis j'ai pas non plus fini de faire mes fiches d'histoire/géo alors que j'ai un contrôle dans la semaine... Et je pleure devant des téléfilms historiques de planète+, on en est là.