mardi 9 juillet 2013

Je suis au milieu des vacances 
Comme un acteur sans scénario, 
Mais je sais que les autres dansent 
Et qu’ils se filment en vidéo 
Le sens du Combat, Michel Houellebecq


Quelque chose me répugne dans l'énergie qu'on dépense pour donner à ses vacances des allures sulfureuses (de l'alcool, du sexe, de la débauche en somme) ; les miennes sont bien paisibles, charmantes, rien d'affriolant, rien de tape à l'oeil. Du cinéma, de la littérature, quelques promenades.
 Je n'ai rien contre les gens qui font la fête en soi, j'aime ça même des fois, mais c'est le besoin de mise en scène qu'y en découle qui me dérange, comme si on devait surjouer pour se convaincre qu'on s'est amusé.
Un été avec Élodie on s'amusait à prendre des photos de nous faussement hilares, c'était à celle qui avait l'air de s'éclater le plus ; la fête instituée comme système, mode de vie strictement réglementé, les samedis soirs en guise de messes dominicales me font le même effet que ces photos : une tristesse infinie.
Comme quand on boit pour boire, j'ai le souvenir de quelques soirées tous assis en cercle sur la place de St Christophe à se saouler comme des indiens dans la réserve, en compagnie de blaireaux qui ont le "vin petit et la cuite mesquine" ; les lendemains étaient difficiles, je les redoute chaque année.



Les relations qui outrepassent les contingences matérielles mais n'en tiennent pas moins une place importante dans notre quotidien tant elles nous semblent être à la base de la moindre de nos pensées, ces amitiés là m'inspirent énormément de tendresse au point d'hésiter parfois à y prendre vraiment part, comme si leurs existences théoriques se suffisaient à elles-mêmes.
J'ai aussi observé chez mes copines ce désir d'être spectatrices autant qu'actrices : "il faudrait qu'on puisse en parler comme s'il ne s'agissait pas de nous" me disait Nastassja à propos de L., mais s'il y a cette volonté d'en être et de le commenter tout à la fois, de se décaler, autant l'autre que soi-même, et de partager avec lui le rôle des tiers complices, il y a aussi cette peur de ne plus jamais pouvoir être autre chose que l'observateur attendri de ce qui, par définition, n'évoluera jamais plus, figé dans le souvenir qu'on en a, la mythologie qu'on en a fabriqué.