Tout ça pour dire qu'un soir on avait une de ces discussions sans tabou un peu débridées que permet l'alcool, ou plus exactement l'abus d'alcool (juste, j'ouvre une parenthèse pour vous dire que si un jour vous faites un bière-pong et qu'il n'y a plus de bière pour finir la partie, n'attaquez pas au vin, parce que comme dit le proverbe et comme je l'ai appris à mes dépends : bière et vin égal venin, parole d'une fille qui supporte tous les autres mélanges possibles et imaginables, celui là est mortel - fin de cette parenthèse conseil consommation d'alcool), on se questionnait sur cette propension qu'on a à un peu trop idéaliser les relations amoureuses et à tomber facilement dans... dans une sorte de pudibonderie légèrement obsolète, disons le comme ça, et Laura de conclure que c'était à cause de la Comtesse de Ségur, parce qu'elle l'avait trop lue étant petite. Du coup moi aussi je cherchais mon coupable et comme je n'en ai trouvé aucun (4 filles et un Jean ou LBD ça ne compte pas, soyons sérieux) j'en ai déduit qu'il n'y en avait pas, ni pour elle, ni pour moi, et qu'on appartenait tout simplement à une catégorie de jeunes filles aussi intemporelles qu'imperméables aux modes, seulement ça a longtemps, pour ne pas dire toujours, été la mode, voire la norme, et ça ne l'est plus : d'où ce sentiment de décalage assez inconfortable.
Le lendemain, j'ai continué de penser à cette discussion et je me suis dit ça : on a vingt ans, laura un peu plus, moi un peu moins, mais peu importe, nous sommes encore jeunes, ce qui nous dérange c'est cette frontière invisible entre jeunes filles tardives et vielles filles précoces, on ne sait pas où elle est et si un jour on le découvre cela signifiera qu'on sera passées de l'autre côté. C'est le spectre de la vielle fille qui nous angoisse, plus que le statut de jeune fille un peu anachronique.