J'étais heureuse, je n'allais plus qu'en cours de philo, et j'y allais en écoutant "le temps de l'amour". Les cours étaient comme toujours extraordinairement bons, j'ai le meilleur prof du monde.
Et aujourd'hui, voilà, de une à trois c'était le dernier. Ça avait duré huit heures par semaine toute l'année et maintenant c'était fini. Plus de "hmm sur ce point", plus de main sur le menton, plus de "oui, hmm, rajoutez", plus de références incongrues "... et comme dirait Mortorhead, la chasse est toujours meilleure que la prise", "ça c'est ce que dit Pete Doherty dans cette chanson des Libertines...", d'injonctions tout aussi improbable "il FAUT écouter CAN", plus de déclarations à rebours des bons sentiments et donc totalement inédites dans l'éducation nationale, plus de discussions le mercredi midi en descendant du lycée.
Non, il va falloir s'habituer à d'autres profs alors même que rien ne pourra jamais remplacer celui ci.
Pour être honnête et même si c'est totalement ridicule et disproportionné j'ai dû ravaler mes sanglots pendant toute la première heure, et à chaque fois que je commençais à me calmer il se passait quelque chose qui me redonnait encore plus envie de pleurer. D'ailleurs, j'ai fini par lâcher et j'ai pleuré discretos pendant au moins une demie heure non stop, c'était infernal.
Surtout que si ça se trouve, moi, je lui manquerais pas du tout, il m'aura oublier demain alors que moi je serai encore là à parler de lui comme "El Conto" aka LE type qui m'a fait aimer la philosophie, apprendre 10000000000000 choses, et passer les meilleures heures de cours de toute ma vie.