samedi 24 mai 2014




Ce qui est en fin de compte le plus surprenant dans le dernier film de Jean-Luc Godard c'est l'infini soulagement avec lequel on accueille les plans qui nous montrent le chien et rien que le chien, parce que c'est le seul que Godard filme avec tendresse tandis que les humains sont dégueulasses, leurs corps sans grâce et les bruits qu'ils font quand ils vont au cabinet insupportables. Voilà, il y a des choses dont on s'accommode mieux au cinéma qu'en vrai mais pour celles dont je parle c'est exactement l'inverse : leur effet rebutant est accru par le fait d'être dans un film, comme quand on entend le bruit des gens qui mangent dans les Kechiche. 
Les plans du chien c'est comme Stephanie de Monaco qui disait « les animaux sont des êtres humains comme les autres» sauf que Godard, lui, dirait quelque chose comme «les chiens sont des êtres humains mieux que les autres».
Je suis allée voir l’Adieu au Langage hier, à la séance de 9h à l’UGC des Halles, le type à côté de moi n’arrêtait pas de se tortiller sur son siège, je pense qu’il se disait quelque chose comme « ah ouais j’ai voulu faire mon snob, ah ouais j’ai voulu me taper le dernier godard comme ça de bon matin, ah ça m’apprendra, plus-jamais-ça, plus-jamais-jamais-jamais-jamais-ça ». 
En sortant de là j’étais triste et je suis allée rendre un devoir au secrétariat (l’impression que ma vie se résume à rendre des devoirs, c’est dingue) et en récupérer au passage un autre qui m’offre ma première note humiliante de l’année. Oui, humiliante, de celles qui ne disent pas « ok tu t’es trompée ça arrive » mais « t’es conne ou bien ? ». Alors je suis rentrée chez moi et j’ai dormi. Il me reste deux partiels.  
Je comprends Thomas quand il me dit en avoir marre d’être étudiant, vouloir un travail, des sous, un appartement de taille normale et j’ai l’impression que c’est comme mon carnet de santé qui prévoyait que je mesure 1m75 alors que je me suis arrêtée à 1m55 : tout me prédestinait, et c’est pareil pour lui d’ailleurs, à adorer les études supérieures et quelque part quelque chose foire, vraiment, et ça n’est pas la faute de l’université mais la mienne, la notre peut-être.  
À part ça j’écoute Lo Stato Sociale. En boucle, exclusivement (non un peu l’Orso aussi), c’est grave. Je trouve ce groupe trop drôle, efficace, irrésistible et j’ai comme l’impression que mon appréciation est délirante mais enfin. Ça m’arrive souvent.