mardi 20 novembre 2012

J'envie E. d'être au village ; les vacances de la Toussaint sont toujours les meilleures.
Il y a la brume parfois tellement opaque que, de chez moi, il est impossible de voir la maison de Laura pourtant si proche de la mienne, les enfants qui jouent comme nous l'avons fait en notre temps, de la place de l'église à St Christophe ou dans leur cabane qui jadis fût la nôtre mais qu'ils pensent avoir découvert (exactement comme nous l'avions crû) et toutes ces autres choses qui ne cesseront jamais de se reproduire, parce que le village est un lieu où tout revient, sans cesse, où rien ne change.
En ce moment il neige, on m'envoie des photos, on me dit regarde comme c'est beau et ça l'est, même si quelqu'un qui n'y a pas vécu, n'y a donc aucun souvenir, ne voit certainement sur ces images que du blanc, du blanc, et toujours plus de blanc, en somme pas grand chose.

mercredi 14 novembre 2012

Candide

L'autre jour j'étais assise avec Leila dans un café en bas de chez elle, on était près de la baie vitrée et un vieux passait et repassait devant, quand je vous dis un vieux c'est un vieux, ça aurait carrément pu être mon grand père.  À un moment j'ai tourné la tête et j'ai accroché son regard sans faire exprès; alors il s'est arrêté tout net, il me montrait du doigt. Moi je ne savais pas bien comment réagir, j'ai fait comme s'il n'existait pas en espérant que ça passe, Leila disait "non mais ça va pas" avec des grands gestes outrés pour qu'il comprenne puis il est entré dans le bar, j'étais littéralement tétanisée, vraiment, il s'est approché de nous et il a dit, enfin il m'a dit, parce qu'il ne s'adressait pas à Leila mais bien à moi, "excusez moi mais j'aimerais savoir si vous accepteriez de m'accompagner au club échangiste un peu plus bas ?". On m'aurait vomi dessus que je ne me serais pas sentie moins sale, j'avais envie de pleurer, je ne disais toujours rien et Leila a appelé la gérante et elle lui a dit ce qui se passait très fort comme pour lui mettre la honte, le type est parti juste un peu rapidement mais sans gêne, la femme a dit "que voulez-vous que j'y fasse ?", j'avais encore plus envie de pleurer; une amie de la gérante qui était là a lancé quelque chose comme "c'est la vie", Leila a répondu que j'étais un peu jeune quand même pour les clubs échangistes, non ? La conne, parce que oui c'était une conne, de renchérir "oh vous savez il n'y a pas d'âge pour ça" et là je me suis jurée d'élever mes enfants en Corse.
J'étais tellement choquée le soir que je n'ai pas pu m'empêcher d'en parler à mon père, l'air qu'il avait de dire "on t'avait prévenue, paris..." m'a irritée, enfin quoi, paris, paris rien du tout, d'où la ville peut excuser les gens mauvais ? et la lâcheté et l'indifférence ? je dois être naïve, conne mais vraiment ce genre de logique m'échappe. Enfin bon on était d'accord lui et moi pour dire qu'à Bastia, ça, c'était un coup à se faire tuer. J'ai eu envie de rentrer, désespérément.

lundi 12 novembre 2012

Thomas m'a dit "je crois que je vais devenir écrivain, mais je n'arrive pas à écrire de roman, parce que pour moi, un roman ça s'écrit en une nuit, comme ça, avec un paquet de cigarette ; c'est l'histoire d'un moment qui fait que ça se passe, et puis c'est écrit, c'est fait" outre que moi j'aime bien l'image de l'écrivain méticuleux, orfèvre, qui passe des heures sur une phrase et capable de mourir pour une virgule mal placée (c'est pour ça que je tiens un blog ou j'écris des articles en 20 minutes sans me relire vous voyez) je me suis dit qu'à ce prix là, si être écrivain c'était l'histoire d'une nuit et de quelques malboros alors tout le monde serait écrivain et le simple fait qu'on puisse l'imaginer, même pas le croire, juste l'imaginer, c'était déjà regrettable.
Et puis il a continué en disant "je ne peux pas faire autrement, j'aime écrire, j'écris tout le temps, même quand je suis dans le métro paf y a un truc qui me vient immédiatement je prends mon portable et je l'écris". En l'entendant j'ai pensé qu'un jour peut-être on ne publierait plus ni les mémoires ni les journaux mais bien les "Mémos" des écrivains, ceux qu'on aurait récupérés sur les Iphones ou blackberry et j'ai trouvé ça drôle et triste ; plus triste que drôle d'ailleurs, mais enfin je n'ai rien dit, je n'étais pas d'humeur à débattre.



En ce moment je lis un livre inconcevablement mauvais (pas Vie et Opinions de Tristram Shandy, un autre, qui s'est imposé à moi par la force des choses) ; deux choses font qu'il est illisible : d'une part, l'auteur qui a l'arrogance de l'échec, l'aigreur de ceux à qui, manifestement, le talent et la grâce, font défaut et d'autre part une traduction pitoyable qui laisse des lourdeurs là où il n'y a pas lieux d'être et transforme ce qu'on devine être un certain style dans la langue initiale en tournure malhabile. Je ne vous dit pas le titre, ni l'auteur, ni même le nom du traducteur parce que j'aimais vous n'aurez la lubie de l'acheter, je le sais, mais j'ai besoin d'en parler, ça me hante.
Je me dis, qu'est-ce qui fait qu'actuellement un autre livre qui reprend exactement les mêmes thèmes que celui-ci puisse être salué unanimement, sacré de tous, jugés incontournable et entre les mains soit d'une nullité pas croyable.

jeudi 1 novembre 2012

J'ai testé pour vous : se prendre une cuite au Gewurtz dans le bar derrière chez moi, assise en face de mon cousin presque Germain, enfin au 3eme degré quoi (oui, je sais, improbable, paris est petit) qui ne m'a pas reconnue et Thomas qui me dit "il arrête pas de te regarder" "là il glisse un mot à l'oreille de son copain et il te regarde" etc. sans discontinuer et moi qui meurs à petit feu parce que bordel c'est mon COUSIN et que j'ose même pas aller lui dire qui je suis, ce qui mettrait pourtant fin à toute ambiguïté.
Sur l'échelle de richter des situations malaises, on est au 6 mais on aurait facilement pu basculer dans du 9. 
Une fois ivre, juste avant de partir (à la fermeture donc), je suis allée lui dire qui j'étais. Temps d'arrêt. "Ah oui bien sûr, oui".  Puis on a discuté de saoul à saoule, il m'a expliqué qu'il travaillait pas loin,  demandé si je venais souvent ici, enjoint à revenir, on pourrait se boire des verres... mais malgré tout je crois qu'il n'a pas vraiment compris à qui il parlait. 
Le prochain épisode dans une semaine, puisque je sens que notre louable entreprise du mercredi cinéclub se transformera petit à petit en mercredi "BB".  


PS : J'écrirai un vrai article plus tard, mais je ne pouvais pas résister à l'improbabilité de cette anecdote.