Thomas m'a dit "je crois que je vais devenir écrivain, mais je n'arrive pas à écrire de roman, parce que pour moi, un roman ça s'écrit en une nuit, comme ça, avec un paquet de cigarette ; c'est l'histoire d'un moment qui fait que ça se passe, et puis c'est écrit, c'est fait" outre que moi j'aime bien l'image de l'écrivain méticuleux, orfèvre, qui passe des heures sur une phrase et capable de mourir pour une virgule mal placée (c'est pour ça que je tiens un blog ou j'écris des articles en 20 minutes sans me relire vous voyez) je me suis dit qu'à ce prix là, si être écrivain c'était l'histoire d'une nuit et de quelques malboros alors tout le monde serait écrivain et le simple fait qu'on puisse l'imaginer, même pas le croire, juste l'imaginer, c'était déjà regrettable.
Et puis il a continué en disant "je ne peux pas faire autrement, j'aime écrire, j'écris tout le temps, même quand je suis dans le métro paf y a un truc qui me vient immédiatement je prends mon portable et je l'écris". En l'entendant j'ai pensé qu'un jour peut-être on ne publierait plus ni les mémoires ni les journaux mais bien les "Mémos" des écrivains, ceux qu'on aurait récupérés sur les Iphones ou blackberry et j'ai trouvé ça drôle et triste ; plus triste que drôle d'ailleurs, mais enfin je n'ai rien dit, je n'étais pas d'humeur à débattre.
En ce moment je lis un livre inconcevablement mauvais (pas Vie et Opinions de Tristram Shandy, un autre, qui s'est imposé à moi par la force des choses) ; deux choses font qu'il est illisible : d'une part, l'auteur qui a l'arrogance de l'échec, l'aigreur de ceux à qui, manifestement, le talent et la grâce, font défaut et d'autre part une traduction pitoyable qui laisse des lourdeurs là où il n'y a pas lieux d'être et transforme ce qu'on devine être un certain style dans la langue initiale en tournure malhabile. Je ne vous dit pas le titre, ni l'auteur, ni même le nom du traducteur parce que j'aimais vous n'aurez la lubie de l'acheter, je le sais, mais j'ai besoin d'en parler, ça me hante.
Je me dis, qu'est-ce qui fait qu'actuellement un autre livre qui reprend exactement les mêmes thèmes que celui-ci puisse être salué unanimement, sacré de tous, jugés incontournable et entre les mains soit d'une nullité pas croyable.